Genny Ndayisenga, journaliste et organisatrice de 350 au Burundi partage ici un article publié dans Burundi Eco sur les timides progrès des énérgies renouvelables au Burundi.

Au moment où les abonnés de la REGIDESO (Régie de Production et de Distribution d’Eau et d’Electricité) sont soumis à un système de délestage répétitif, les énergies renouvelables représentent une alternative réelle mais leur coût demeure élevé pour la majorité des habitants.

Obscurité, travail ralenti et baisse de production, telles sont les conséquences liées au délestage dû à la pénurie du courant au Burundi.

Heureusement, certaines compagnies et multinationales commencent timidement à proposer des solutions énergétiques à leurs clients et partenaires. C’est le cas du Groupe Ladak. Il y a deux ans, il a commencé à distribuer une variété de produits à énergie solaire pour alimenter aussi bien les ménages que les entreprises.

Selon le chef des opérations Colours &Lights Mr Joseph Anish  les produits qu’offre sa compagnie sont durables et écologiques. En plus ça diminue le coût de la facture de la REGIDESO.

Cependant, même si certains se précipitent pour se procurer ces de produits, ils ne sont pas pour autant abordables pour tous les burundais vu leur pouvoir d’achat faible. A titre d’exemple, il n’est pas facile pour un fonctionnaire de l’Etat qui touche 150.000Fbu ($ 100) par mois de se procurer un kit solaire de 10.000.000Fbu ($ 6.667) pour alimenter sa maison.

Toujours selon Mr Anish, si ces produits sont chers, c’est parce qu’ils ne sont pas exonérés comme dans le reste des pays de l’East African Community.

Burundi, un gisement solaire inépuisable 

Dans un pays où comme le montrent les études, l’ensoleillement moyen reçu annuellement approche   2.000 kWh/m², il n’y a pas à s’inquiéter. Même les grosses entreprises peuvent fonctionner grâce à l’énergie solaire seulement.

«Jusqu’à présent nous n’avons rencontré aucun problème lié à l’insuffisance d’énergie. Tout l’hôpital est alimenté et nous pouvons brancher tout notre matériel sans aucun problème ; même les blocs opératoires sont servis.», déclare Guy-Claude Nkundabahizi, chef du Service Technique et Maintenance des Equipements au Centre Hospitalo Universitaire de Kamenge (CHUK).

Guy Claude montrant les plaques solaires installés au CHUK de Bujumbura. Photo: Genny Ndayisenga

Pour un petit rappel, depuis Septembre 2012, le CHUK est alimenté en énergie par une centrale photovoltaïque de 403 kW octroyée par la coopération japonaise (JICA). Pour des raisons écologiques, un système d’accumulateurs a été consacré pour préserver la santé des patients. Partant, comme l’hôpital ne peut pas consommer la totalité du courant produit par cette centrale à elle seule, le surplus est cédé à la REGIDESO.

L’énergie, un secteur peu exploité au Burundi

 Le Burundi est un pays du défi énergétique. L’accès à l’électricité de la population burundaise reste très faible (10%) comparé aux autres pays de l’East African Community. Cependant, le potentiel hydroélectrique est de 1 700 MW, dont 300 MW sont des sites de plus d’1 MW. A l’heure actuelle, seulement 32 MW sont exploités.

En attendant que la REGIDESO honore ses engagements envers le consommateur, des solutions plus écologiques et durables existent pour pallier à ce problème énergétique : les lampes à économie d’énergie ou à faible consommation, l’énergie solaire et éolienne.

Mais malheureusement, tout ce potentiel n’est pas exploité. Alors qu’elle devrait se présenter comme un atout, la saison sèche au Burundi est un vrai calvaire pour les abonnés de la REGIDESO.

«Chaque année, j’affronte la saison sèche avec la peur au ventre. Avec le système de délestage je perds beaucoup. En temps normal, je peux avoir une vingtaine de personnes qui entrent dans mon salon ; mais maintenant, je peux même passer toute une journée sans que personne n’y entre car il n’y a pas de courant.», se lamente Omar B. un jeune coiffeur d’un quartier sud de la capitale Bujumbura.

Omar n’est pas le seul à subir les conséquences du délestage, il fait partie d’une multitude de burundais qui comme lui en ont assez de vivre dans l’obscurité.

«Il faut que le gouvernement songe à résoudre ce problème d’électricité. Les résultats scolaires de mes enfants ont baissé car il ne m’est pas du tout facile de les faire réviser avec les délestages. C’est un environnement qui perturbe et qui n’est pas favorable aux élèves et étudiants.», déplore Mme Gaudence Ndikumwami, mère au foyer.

L’offre en électricité reste largement inférieure à la demande de plus en plus croissante. Ce qui est évident pour le moment c’est que la REGIDESO ne peut satisfaire à elle seule toutes les sollicitations.

Encore peu développé au Burundi, le secteur de l’énergie solaire offre des opportunités considérables aux investisseurs. Ainsi, le moment d’intervenir pour ceux qui s’intéressent au secteur est optimal.

FacebookTwitter