Alors que les négociations internationales sur le climat à Doha sont dans la dernière semaine, Christian Hounkannou, organisateur de 350 au Bénin, rappelle les enjeux du sommet, dénonce l’immobilisme qui maintient l’Afrique dans une injustice climatique sévère et lance un vibrant appel aux représentants du continent sur place.

Doha accueille depuis  le 26 Novembre la 18ème Conférence des Parties (COP-18) à la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC) et la 8e Conférence des Parties Siégeant en tant que Réunion des Parties au Protocole de Kyoto.

Le changement climatique s’accélère et s’aggrave pour nos communautés en Afrique

Le sommet s’est ouvert alors que les évènements extrêmes liés aux changements climatiques se démultiplient au Nord comme au Sud : inondations et sécheresses se succèdent et affectent un peu plus chaque jour les conditions de vie des communautés déjà très vulnérables.

Alors que la Banque Mondiale a prédit dernièrement un réchauffement de 4 degrés des températures moyennes de la terre dès 2060 au lieu des 2°C inscrits dans les objectifs internationaux  et selon le protocole de Kyoto, ces 2°C sont un seuil limite au delà duquel le climat pourrait s’emballer avec des conséquences incalculables.

Une question d’(in)justice climatique.

Et pourtant, les pays développés viennent à Doha les mains vides : sans l’intention d’agir réellement avant 2020, sans l’intention de renforcer leurs objectifs de réduction d’émissions de CO2, sans l’intention pour certains de se réengager dans le protocole de Kyoto et sans engagements financiers pour prendre la suite des financements précoces qui se terminent cette année.

Activistes climatiques du monde entier demandant une action réelle sur le climat lors de la grande marche de samedi 1er décembre/Photograph: Mohammed Dabbous/Reuters

 

Crions notre colère aux négociateurs des pays développés qui ferment les yeux sur cette injustice climatique qui met en danger la survie de nombreuses communautés.

Nos négociateurs ont tenu bon la première semaine et essuyé de longs et houleux débats pour défendre les intérêts des plus vulnérables, pour renforcer l’intégrité environnementale du Protocole de Kyoto, et pour empêcher les Etats pollueurs d’échapper à leurs responsabilités.

Mais de nombreuses questions se posent.

Maintenant c’est au tour des Ministres de prendre le relais !

Disons à nos Ministres que nous avons plus que jamais besoin d’eux pour défendre nos intérêts en tant que citoyens africains. Pour obtenir que les pays développés accroissent leurs engagements en matière de financements publics dès 2012, notamment pour l’adaptation et proposent un plan d’action pour mobiliser jusqu’à 100 milliards $ d’ici 2020. Pour refuser une deuxième période sous le Protocole de Kyoto qui ne permette pas de renforcer l’ambition et pour exiger des objectifs de réduction comparables de la part de l’ensemble des pays développés.

Messieurs les Ministres et Chefs de délégations, il est temps d’accélérer cette négociation qui dure depuis trop longtemps. Le sommet à Doha n’est pas un sommet pour rien, au contraire, il peut poser des jalons essentiels pour le devenir de notre continent. En venant ici exprimer vos préoccupations et imposer vos conditions, vous aiderez à relever l’ambition de ce sommet et garantirez qu’il ne s’agit pas d’une réunion de plus ou de trop.

Nous avons plus que jamais besoin de votre engagement politique pour tirer la négociation vers le haut, rappeler à la communauté internationale ce pour quoi on négocie et obliger les pays à prendre leurs responsabilités.

C’est toute l’Afrique qui compte sur vous pour prendre la parole à Doha afin d’exprimer sa colère mais aussi son désir d’avancer dans cette négociation internationale.

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