• Quelques faits marquant à Bakou

Deux éléments ont particulièrement retenu mon attention durant la COP29. D’une part, la présence de près de 1 800 lobbyistes des énergies fossiles m’a amené à me poser cette question : qui négociait avec qui ? Nous vivons dans un monde où l’influence est souvent liée à l’argent, et leur présence témoigne d’un échec dès le premier jour de la COP29. D’autre part, la faible représentativité de la société civile africaine, ainsi que la difficulté à parler d’une seule voix, sont des problématiques majeures. Cela est particulièrement frappant en Afrique francophone. Lors d’une réunion des jeunes activistes, j’ai voulu savoir s’il y avait des militants originaires de pays francophones, et la réponse fut : “Non”. Si nous voulons avancer vers une transition juste, cela ne sera pas possible si une partie de l’Afrique est ignorée.

  • Qu’est-ce que l’Afrique a gagné ou perdu ?

Avant de déterminer si l’Afrique a véritablement gagné lors de cette COP, il faut prendre en compte certains critères. L’Afrique a besoin d’alternatives à l’exploitation des combustibles fossiles et à la déforestation. Elle a aussi besoin de réparer les pertes et dommages causés par le changement climatique, et d’accéder à une énergie propre pour tous et partout. Cependant, pour tout cela, un financement substantiel est nécessaire, et c’est ce qu’elle n’a pas obtenu à la COP29. Les pays pollueurs continuent d’exploiter les ressources de l’Afrique, dont la valeur dépasse largement les 300 milliards de dollars. Rien que de la République Démocratique du Congo, on extrait 70% des ressources nécessaires à la transition énergétique et aux nouvelles technologies, sans payer le juste prix. La COP29 nous a présenté un verre d’eau alors que nous avons besoin de l’océan.

Je n’ai pas compris pourquoi il a fallu tant de temps pour nous annoncer un financement de 300 milliards de dollars chaque année pendant 10 ans, alors que pour la COVID-19, les dirigeants ont mobilisé 16 000 milliards de dollars en moins de deux ans, et que les subventions annuelles aux combustibles fossiles atteignent déjà 7 000 milliards. L’un des plus grands mensonges du siècle en matière de climat est : “Il n’y a pas d’argent”. Mais la vérité, nous la connaissons : il s’agit d’un manque de volonté politique. Les dirigeants du monde s’intéressent à tout, sauf à l’urgence climatique, qui est l’affaire du siècle.

  • Quelques actions en vue de la COP30

En attendant la COP30, notre organisation, Rise Up Movement Congo, s’associe à d’autres activistes pour poursuivre sa campagne d’éducation sur le climat dans les écoles, universités et communautés. Nous visons à déconstruire le narratif selon lequel les catastrophes auxquelles fait face la population congolaise seraient dues à des féticheurs, à un dieu ou à la colère des ancêtres. Notre objectif est également d’impliquer la population congolaise dans la recherche de solutions face au changement climatique.

Nous ne souhaitons pas nous limiter aux théories, mais offrir des alternatives concrètes aux communautés. La République Démocratique du Congo compte 70 millions d’habitants sans accès à l’électricité, et une majorité dépend du bois provenant de la déforestation pour cuisiner. Avant la COP30, nous souhaitons fournir des foyers de cuisson propres aux communautés vivant aux abords des forêts congolaises. Nous voulons également apporter des kits solaires aux habitants des villages non électrifiés. Nous pensons qu’un panneau solaire, une batterie et une ampoule peuvent changer la vie d’un enfant, l’aidant à naître dans de meilleures conditions, et en faire un porteur d’idées essentielles pour lutter contre le changement climatique. Rise Up Movement Congo reste disponible pour toute collaboration visant à atteindre ces objectifs. 

Le monde joue à puzzle climatique où certaines pièces sont des pays africains. L’image à reconstituer dans ce puzzle est l’action climatique, et cela sera impossible si l’Afrique en est exclue. La crise climatique touche tous les secteurs de la vie, et la jeunesse africaine est composée de défenseurs du climat prêts à contribuer avec des solutions communautaires durables, comme la promotion des énergies renouvelables.

Guillaume Kalonji, 

Rise Up Movement Congo, Fossil-Free DRC Group

Vous pouvez regarder l’enregistrement de la réunion

 

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