Sur les collines ondulantes de Tanga, en Tanzanie, nous avons rencontré O.S (nom modifié pour des raisons de sécurité),un agriculteur qui parle d’une voix douce et dont les mains usées témoignent de décennies de culture de citronniers et d’orangers. « J’ai perdu 69 arbres à cause de l’oléoduc d’Afrique de l’Est (EACOP) », dit-il, la voix lourde de frustration. L’indemnisation de 750 000 TZS ne représente qu’une infime partie de la valeur de son lopin de terre et de ses produits. « Un arbre peut produire 500 oranges au cours de sa vie », explique-t-il en montrant le lopin de terre stérile où son verger prospérait autrefois. « J’aurais préféré qu’on me laisse avec mon terrain ».

Pour O.S., la perte ne se limite pas à l’aspect financier ; elle est aussi personnelle. Ses arbres symbolisaient des années de labeur, d’espoir et un mode de vie transmis de génération en génération. Mais son histoire n’est pas unique. Parmi les populations de Tanga, nous avons entendu des récits similaires faisant état de déplacements, de promesses non tenues et de la volonté inébranlable de personnes déterminées à protéger leurs habitats et leurs moyens de subsistance.

Le combat pour la terre et les moyens de subsistance

À Bomba Sita, dans la région de Tanga, nous avons rencontré F.O.(nom modifié pour des raisons de sécurité), qui défend farouchement les intérêts de sa communauté. « Des promesses d’emplois et de développement ont été faites dans le cadre du projet EACOP, mais rien de tout cela ne s’est concrétisé pour nous, les femmes », a-t-elle déclaré. « Pas une seule femme de ce village n’a été embauchée. Ils disent que nous manquons de formation, mais où sont les opportunités pour nous d’apprendre »?

Les préoccupations de F.O. ne se limitent pas à l’emploi. Elle a parlé des jeunes filles contraintes à des mariages précoces en raison des difficultés économiques, un problème exacerbé par les déguerpissements provoqués par l’EACOP. « Nous avons besoin de projets d’énergie renouvelable qui créent de réelles opportunités pour les femmes et les jeunes », a-t-elle déclaré de manière véhémente.

À quelques kilomètres de là, parmi les producteurs d’oranges de Bomba Sita, la lutte porte sur la terre. Des familles qui vivent sur leurs terrains depuis les années 1960 risquent maintenant d’être expulsées. Bien qu’elles aient payé de lourdes taxes pour enregistrer leurs terrains, elles ont été qualifiées d’occupants illégaux (squatters). Leur bataille juridique contre le gouvernement se poursuit, mais la charge émotionnelle est palpable.

Témoignages de premier plan

Dans la région voisine de Chongoleani, B.A (nom modifié pour des raisons de sécurité), un écologiste local, nous a fait découvrir une forêt de mangroves. Ces écosystèmes, qui jouent un

ôle vital dans la protection des côtes et la vie marine, sont menacés par l’EACOP. « Les mangroves servent de nourriture aux poissons et nous protègent des marées », explique-t-il. « Si elles sont détruites, les poissons disparaîtront et notre mode de vie aussi ».

À proximité, K.A (nom modifié pour des raisons de sécurité)a évoqué le chaos émotionnel et financier engendré par une indemnisation inadéquate. « Ils nous ont donné de l’argent sans nous indiquer comment le gérer », a-t-il déclaré. « De nombreuses familles ont tout perdu ».

Malgré les difficultés, ces populations gardent l’espoir. Elles rêvent de systèmes d’irrigation alimentés par l’énergie solaire pour relancer leurs exploitations agricoles, de lampadaires solaires pour assurer la sécurité et de solutions d’énergie renouvelable pour équiper les écoles et les centres de santé.

Une voie pour l’avenir

Les récits d’O.S, F.O, B.A, et d’innombrables autres personnes mettent en évidence le besoin urgent de créer des solutions énergétiques durables en Afrique de l’Est. Grâce à la campagne REPower Afrika, nous visons à installer des petits réseaux de distribution d’énergie solaire et à fournir des systèmes d’énergie renouvelable communautaires qui permettent à ces populations résilientes de devenir autonomes et non de les déplacer.

En octobre, nous avons organisé un atelier intitulé « REnergy » à Kampala, en Ouganda, au cours duquel des ONG locales ont attiré l’attention sur les obstacles à l’accès aux énergies renouvelables : coûts élevés, faible réglementation et manque de capacité à faire appliquer les lois en vigueur. Ensemble, nous avons établi une feuille de route pour relever ces défis, en mettant l’accent sur la sensibilisation des communautés, la mobilisation des ressources et la formation technique.

Soutenez-nous dans nos efforts pour illuminer des vies

Nous poursuivons notre objectif d’alimenter en électricité 80 infrastructures publiques situées le long de l’oléoduc d’Afrique de l’Est (EACOP) d’ici à 2026, et votre soutien est plus important que jamais. Chaque don nous aide à nous rapprocher de notre objectif :

  • Pompes à eau solaires destinées à l’agriculture et à l’usage domestique.
  • Énergie renouvelable pour les écoles et centres de soins de santé.
  • Réfrigérateurs solaires pour les entreprises dirigées par des femmes.
  • Des lampadaires pour renforcer la sécurité des populations.

Ces équipements ne sont pas seulement des solutions énergétiques ; ce sont plutôt des bouées de sauvetage pour les populations qui luttent contre les déguerpissements, la crise climatique et la négligence systémique.

Participez au changement. Faites un don à la campagne REPower Afrika aujourd’hui et aidez-nous à tracer la voie vers un avenir juste et renouvelable pour l’Afrique de l’Est.

écrit par Anna Amar

FacebookTwitter